Peur la nuit : initiatives et partenariats pour des villes plus sûres

Peur la nuit : initiatives et partenariats pour des villes plus sûres

5 juillet 2024 Non Par Valantine
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Rentrer tard le soir, ou même la nuit, n’est pas quelque chose que les femmes font à la légère. Surtout dans certaines villes. C’est bien connu. Ils évitent les rues les plus sombres et les plus isolées, ils marchent vite, le cœur dans la bouche et les yeux et les oreilles grands ouverts pour ne rien manquer de ce qui se passe autour d’eux.

Violence psychologique dans le couple : comment la reconnaître et comment se défendre

Chaque bruit, chaque regard ambigu déclenche une alarme dans notre cerveau. Nous tenons fermement nos téléphones portables dans nos mains, prêts à passer cet appel apaisant. Seulement devant la porte d’entrée, une fois en sécurité, nous poussons un soupir de soulagement et réalisons que nous retenons notre souffle depuis des kilomètres.

peur la nuit

Même dans les transports publics, la même chose se produit plus ou moins. Faisons attention à qui monte et qui descend. On observe qui est assis à côté de nous, ses mouvements et ses intentions, sans trop regarder. Faisons attention à ne pas paraître ambigu, ne faites rien qui puisse être mal interprété : un geste, une grimace, même une esquisse de sourire. Nous couvrons avec nos mains ou avec notre sac ce décolleté ou cette ouverture qui jusqu’à ce moment nous avait semblé être une excellente idée et que nous avons maudit un instant.

La peur conditionne les élections

Il en est ainsi à chaque fois et à chaque fois ces sensations influencent fortement nos choix et notre liberté. Ils nous disent comment s’habiller, quel chemin prendre, à quelle heure revenir, quoi boire. Parfois ils nous découragent même de sortir ou nous poussent à nous organiser autrement et dans le temps. C’est pourquoi les résultats de l’enquête Eumetra, institut de recherche sociale et marketing, ils ne nous surprennent pas et ils ne nous apprennent rien de nouveau. Malheureusement.

Données Eumetra pour Donna Phone

60 % des filles entre 16 et 25 ans évitent de prendre les transports en commun la nuit par peur. Un fait triste et inquiétant révélé par une enquête Eumetra réalisée pour le compte de Telefono Donna Italia, une association bénévole qui fait partie du réseau anti-violence de la Mairie de Milan depuis 2007. « Les données de l’enquête sont pour le moins rassurantes dans la mesure où les jeunes connaissent le problème des formes d’abus et ont également appris les contre-mesures », déclare Stefania Bartoccetti, fondatrice de Femme au téléphone. Renato Mannheimer d’Eumetra s’est également exprimé sur le sujet : « Je pense que notre recherche offre une image quelque peu alarmante des jeunes et de la question de la violence. »

L’enquête, réalisée en janvier 2024 auprès d’un échantillon de plus de 800 garçons et filles âgés de 16 à 25 ans, a révélé que 66% des femmes prennent des précautions en rentrant chez elles le soir (seulement 22% des enfants). 62% évitent d’utiliser les transports en commun après une certaine heure (17% pour les garçons), et 61% choisissent spécifiquement des vêtements discrets. Selon quatre filles sur dix, les réseaux sociaux influencent négativement l’image des femmes et plus de la moitié estiment qu’ils encouragent les comportements offensants.

Sex and The City Milan : promenades exploratoires pour une ville plus sûre

À Milan, leAssociation Milan Sexe et Ville Il s’implique depuis longtemps dans l’étude des espaces urbains et dans des projets participatifs visant à les rendre plus sécuritaires, notamment la nuit. Fondée en 2022 par Florencia Andreola et Azzurra Muzzonigro, l’association a qualifié ces initiatives de « promenades exploratoires ». Il ne s’agit pas de simples promenades, mais de véritables outils pour aider les femmes à se sentir plus en sécurité lorsqu’elles marchent dans la rue.

Le but est construire un cadre intégrant la dimension genre dans la réflexion sur la ville, fournir aux administrations publiques des outils utiles pour formuler des politiques capables d’organiser des espaces visant le bien-être de tous les citoyens. Les promenades nous permettent de vérifier in situ les éléments qui peuvent améliorer la perception de sécurité et la convivialité des espaces publics sur la base de l’observation, de l’expérience directe et de la participation des femmes.

Vers une ville plus sûre et plus intrépide : Milan et Bologne en première ligne

Après le succès des promenades exploratoires à Milan, l’initiative s’étend à Bologne, dans la zone universitaire, avec la participation d’urbanistes, d’administrateurs publics et de citoyens. L’association a lancé le projet « Vers un atlas du genre à Bologne », avec le soutien de la Mairie de Bologne, du Period Think Tank, de la Ville Métropolitaine, de la Maison des Femmes pour éviter de subir des violences et de SOS Femme.

Dans le même temps, le Projet « X strada + libera » : écouter les femmes pour un Milan plus sûr, un parcours participatif destiné aux femmes et aux subjectivités queer pour aborder la question de la perception de la sécurité et améliorer l’expérience dans les espaces publics, notamment le soir et la nuit. A travers des groupes d’écoute, l’association recueille des expériences et des suggestions pour esquisser des pratiques utiles pour transformer la ville en un lieu plus sûr et plus accessible pour tous.

Avec ces initiatives, Sex and The City Milan vise à réduire la perception d’insécurité et à rendre nos villes plus accueillantes et vivable, en s’appuyant sur l’expérience directe des femmes et des subjectivités queer.

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